Les enquêtes de l’ANFR - Panne de surf en Polynésie française

Enquêtes de l’ANFR Polynésie française 05 octobre 2021

En juillet dernier, l’antenne de l’ANFR en Polynésie française était contactée par un opérateur de téléphonie mobile car son réseau 4G était fortement dégradé sur le front de mer de Papeete : ses clients se plaignaient de ne plus pouvoir surfer sur internet à partir de leur portable. C’est d’autant plus perturbant qu’en Polynésie française, la 4G sert, plus qu’en métropole, à un grand nombre d’accès fixes au web (à la maison).

Les premières analyses de l’opérateur étaient limpides : ses relais 4G étaient éblouis par un émetteur de forte puissance, dont tout laissait penser qu’il était situé… en plein cœur de la rade de la ville.

Visualisation du signal brouilleur à l’analyseur de spectre

Sans attendre, un agent de l’ANFR prit ses appareils de mesures et fila sur le front de mer. Un premier passage permit de circonscrire la zone d’où provenait le brouillage : le quai réservé aux yachts. Mais l’enquête dut s’arrêter prématurément, car l’endroit n’était pas ouvert au public…

Résultat de la première analyse avec les antennes 4G perturbées en jaune et en rouge, la zone de présence potentielle du brouilleur

Le port de Papeete fut donc contacté aux aurores le lendemain matin pour obtenir les autorisations nécessaires à la poursuite de la chasse au brouilleur. Du quai des yachts, l’agent de l’ANFR parvint aisément à confirmer l’origine de la perturbation grâce à son matériel de radiogoniométrie portatif : le trouble provenait d’un navire bien précis.  La troisième phase de l’enquête débutait donc : il fallait trouver comment monter à bord du yacht pour y trouver l’équipement en cause et le faire cesser de nuire !

C’est le matériel mystérieux de notre enquêteur qui permit de progresser : intrigué, le capitaine descendit sur le quai pour en savoir plus. Coopératif, il lui donna même rendez-vous le lendemain, le samedi matin, en s’assurant de la présence de la personne en charge des installations radios sur le bateau.

Le 3e jour, tout le monde était donc au rendez-vous pour une visite approfondie du bateau. L’opérateur radio du navire restait quant à lui incrédule : rien à bord ne pouvait selon lui provoquer ce signal brouilleur… Et pourtant ! C’est au détour d’une salle technique que les équipes trouvèrent le coupable : il s’agissait d’un répéteur de téléphonie mobile, installé pour améliorer un service mobile à bord du yacht en amplifiant les signaux provenant du rivage, mais aussi ceux des téléphones des passagers. C’est cette amplification trop puissante, doublée d’une défaillance de l’équipement, qui était à l’origine de la perturbation ! Elle empêchait les smartphones à proximité d’établir le contact, en liaison montante, avec les relais mobiles.

L’appareil fut immédiatement éteint ; et le service 4G reprit instantanément dans les environs ! Quant au répéteur, il ne perturbera plus jamais les rivages de la Polynésie française.

A Papeete, tout est depuis rentré dans l’ordre : les clients de l’opérateur ont pu de nouveau surfer sur la toile – en plus de surfer sur les vagues de l’Océan Pacifique, qui, elles, accueilleront bientôt les Jeux Olympiques de 2024.

En savoir plus sur les répéteurs de signal mobile 

L’ANFR est fréquemment sollicitée pour résoudre des brouillages de réseaux mobiles causés par des répéteurs de téléphonie mobile installés sans autorisation. Près de 150 brouillages de ce type nécessitent chaque année l’intervention de nos agents !

Qu’est-ce qu’un répéteur de signal mobile ?

Un répéteur de téléphonie mobile, appelé aussi amplificateur de signal mobile, permet de renforcer le signal téléphonique mobile, le plus souvent pour améliorer la réception à l’intérieur d’un bâtiment. En tant qu’équipement radioélectrique, il doit être conforme à la directive européenne 2014/53/UE du 16 avril 2014, dite RED, et donc comporter un marquage CE.

La réglementation concernant les répéteurs de téléphonie mobile.

Il est interdit d'installer et d'utiliser des répéteurs ou amplificateurs de services de téléphonie mobile de sa propre initiative, à moins que les opérateurs concernés aient donné leur accord. Utiliser un répéteur ou un amplificateur sans l’autorisation préalable des opérateurs, c’est utiliser de manière illégale leurs fréquences. C’est aussi une épée de Damoclès pour le détenteur du répéteur : en effet, s’il est le plus souvent correctement réglé le jour de son installation, le répéteur ne change jamais de fréquences. Or, les opérateurs, eux, ajustent régulièrement les leurs ! Le répéteur, qui ne suit pas ces évolutions,  continue à émettre imperturbablement sur les mêmes fréquences ; et se transforme en brouilleur ! Un répéteur peut ainsi, du jour au lendemain, dégrader la couverture et la qualité du service mobile dans de larges zones.

Ces infractions sont soumises à sanction pénale pouvant aller jusqu’à six mois de prison et 30 000€ d’amende (article L.39-1 du CPCE). Elles donnent également lieu à la notification d’une taxe de 450 € lorsque l’ANFR intervient. Installer un répéteur sans autorisation rend son détenteur presque certain d’être repéré tôt ou tard, et de devoir acquitter cette taxe : un relais mobile, en effet, capte en permanence les téléphones autour de lui et perçoit ainsi son environnement hertzien. S’il s’aperçoit d’une dégradation des transmissions, il alerte instantanément son opérateur. Qui, à son tour, porte plainte auprès de l’ANFR…