Philippe TROEHLER

Technicien radio au Département « assignations et coordination » de la Direction de la gestion des fréquences (DGF)

Pouvez-vous brièvement raconter votre parcours ?

Je suis entré dans le monde des télécommunications via l’Armée de l’Air en 1979. Après une année de formation à Rochefort dans l’école des Transmissions, j’ai rejoint les Forces aériennes stratégiques pendant 14 ans pour mettre en œuvre les divers moyens télécoms et gérer les fréquences du centre opérationnel du commandement de Taverny (95). J’ai ensuite été muté au commandement Air des systèmes de surveillance, d'information et de communication où j’ai été en charge de la gestion des fréquences de l’Armée de l’Air au niveau national, puis la Direction interarmées des réseaux d'infrastructure et des systèmes d'informations de la Défense. J’ai eu l’opportunité de faire l’école de gestion des fréquences de l’OTAN à Latina, en Italie. Je totalise 8 années hors de la France métropolitaine dans le cadre de séjours outre-mer et d’opérations extérieures : La Réunion, Djibouti, Tchad, Moyen-Orient, Balkans…

J’ai rejoint l’ANFR en 2011 en tant que personnel de la Défense mis à disposition au sein de l’Agence pour des études de compatibilité. C’est en 2017 que je suis devenu contractuel technicien radio.

Quel est votre rôle en tant que technicien radio ?

Je suis en charge des études inter-systèmes au sein de la Direction de la gestion des fréquences (DGF), et principalement dans la téléphonie mobile : 2G, 3G, 4G et bientôt 5G. Je conduis des études de compatibilité électromagnétique afin de garantir que les fréquences allouées par les divers affectataires n’interfèrent pas avec les autres systèmes.
L’objectif est de s’assurer que tous les acteurs puissent utiliser des fréquences propres, sans brouillage.

Quelles sont vos missions quotidiennes ? 

Ma mission principale est le traitement des demandes de mise en service de nouvelles fréquences faites par les opérateurs de téléphonie mobile, qui sont au nombre de plusieurs milliers effectués au sein de l’Agence chaque semaine. Je réalise chaque fois que cela est nécessaire des études pour s’assurer du bon respect des accords aux frontières, des mesures de protection vis-à-vis de la Radioastronomie de Nançay ou des installations TNT encore en service dans la bande 700 dans certains pays limitrophes. Je fais également des simulations pour vérifier qu’aucune interférence ne se produise entre des stations terriennes des systèmes satellitaires et les faisceaux hertziens qui partagent la même ressource fréquentielle.

Je suis parfois amené à travailler avec d’autres services lors de collaborations avec certains pays étrangers. J’interviens également sur le projet SURF (Système unifié de référencement des fréquences), un système informatique complet dédié à la gestion des fréquences, actuellement en développement au sein de l’ANFR. Je suis en charge de la création et du maintien de la base des types d’antennes pouvant être utilisés par les différents affectataires.

En cette période de confinement, comment vous organisez-vous ?

Je travaille à domicile. Cela ne pose pas de problème pour les études et les simulations. En effet, grâce à mon ordinateur portable et une clé d’activation prévue pour les utilisations nomades, je peux continuer mes activités quotidiennes indépendamment de l’endroit où je suis. Nous disposons également d’un système de GED (gestion électronique de documents) qui permet de mettre en ligne des fichiers et de les partager avec des collègues, un peu comme sur un serveur du réseau local, mais à distance. Quant à la bibliothèque « antennes » de SURF, puisqu’il s’agit d’un développement, je peux y travailler sur mon ordinateur et préparer les éléments qui seront injectés dans le système avec d’autres composants dès le retour à la normale. Il reste cependant certaines informations qui n’étaient pas dans la GED ni sur mon PC à l’origine et ne me sont plus accessibles ; mais le service informatique, qui est sur le pont depuis le début du confinement, parvient progressivement à pallier ce problème. Je peux donc continuer à exercer mes missions !

Quelles qualités faut-il pour exercer ce métier ?   

Une bonne connaissance technique des systèmes est nécessaire. Même si une partie du travail se veut répétitif, les technologies évoluent sans cesse, il faut donc toujours apprendre et se remettre en cause. Un dialogue constant avec les divers acteurs qui travaillent au sein de l’ANFR est tout aussi indispensable.  

Je suis amené à rencontrer de nombreuses personnes : l’aspect collaboratif occupe une place prépondérante dans mon travail,  il ne faut donc pas avoir peur de prendre la parole. La dimension relationnelle est très importante. Bien que nos métiers soient techniques et souvent méconnus, il est primordial  d’entretenir de bonnes relations avec toutes les parties prenantes.

Qu’est-ce que vous plaît dans votre travail ? 

J’apprécie particulièrement de pouvoir travailler sur des sujets novateurs :  il faut préparer les procédures d’études, adapter les méthodologies, échanger avec des gens qui ne partagent pas toujours notre avis et donc trouver un consensus. Depuis mon arrivée, j’ai assisté à de nombreux changements, notamment dus aux évolutions technologiques des systèmes. Ce métier me permet d’être au plus proche des nouvelles technologies, ce qui me convient puisque je suis curieux et à l'affût des nouveautés. Ce poste me permet de concilier l’évolution professionnelle et les relations humaines.