Isabelle Hervé

Adjointe au chef de département sites et servitudes à la Direction de la gestion des fréquences – Pôle technique de Brest

Pouvez-vous brièvement raconter votre parcours ?

Après deux ans de prépa math sup spé, équivalence d’un DEUG à l’époque, j’ai passé le concours d’inspecteur technique à France télécom en 1983. En intégrant cet établissement de droit public, j’ai pu entreprendre ma licence en télécommunication à la fac de Brest tout en étant salariée. J’ai ensuite fait une formation au sein de France télécom en tant qu’inspecteur élève spécialité Transmissions. J’ai occupé mon premier poste en région parisienne, à Saint-Germain-en-Laye au centre d’exploitation du réseau national pendant 3 ans. Puis, j’ai rejoint le centre radio maritime au Conquet (29) en 1989 en tant que responsable technique. Ces centres installés le long de la côte, assuraient les communications avec les navires en mer et fonctionnaient 24h/24 avec des équipements techniques et des stations radio. J’étais en charge de l’équipe qui s’occupait de la maintenance et de la gestion de ces équipements radio. A la fermeture de tous les sites, j’ai eu l’opportunité de rejoindre l’ANFR au poste de responsable du département sites et servitude, pour finalement devenir ajointe au chef du département en 2003.

Quel est le rôle du département sites et servitudes ? 

Pour chaque implantation ou modification de presque tous les émetteurs de puissance supérieure à 5 watts, l’accord de l’ANFR est obligatoire. Le département sites et servitudes (SIS) est en charge de la délivrance de ces accords que ce soit pour le compte des opérateurs téléphoniques ou des affectataires : ministère de l’Intérieur, Aviation civile, administration de la météorologie, etc. Ils doivent envoyer leurs dossiers de demande grâce à une procédure dématérialisée via l’application Stations. L’ANFR délivre l’accord après une procédure de consultation qui consiste à solliciter les acteurs du domaine radioélectrique (opérateurs et affectataires) pour vérifier que les nouveaux émetteurs ne perturberont pas ceux déjà en place et après des calculs de compatibilité réalisés en interne.

Quel est votre rôle en tant qu’adjointe au chef de département sites et servitudes ?

Je dois organiser l’activité du département pour répartir la charge de travail entre les agents. Cette activité est continue, elle ne s’arrête jamais ! Le volume de demande fluctue, mais il a plutôt tendance à croitre. Nous avons ensuite un délai de 4 semaines pour rendre nos décisions. On ne maitrise pas le volume des dossiers et nous devons nous organiser en conséquence. On peut recevoir jusqu’à 500 dossiers par jour ! L’arrivée de nouvelles technologies comme la 5G aujourd’hui impacte notre charge de travail. Le département compte 11 agents dont 8 sont dédiés en majeure partie à la vérification et validation des dossiers transmis pour l’attribution des accords, avec tout ce que le management implique. Quant aux servitudes, qui visent à protéger des stations radios en appliquant un périmètre autour d’elles pour que d’autres émetteurs ne les perturbent pas, cette partie s’est allégée depuis la modification du CPCE en 2019. Le département doit recueillir les arrêtés de servitudes, les consolider et, compte tenu du caractère sensible de cette information, en rendre l’accès uniquement aux administrations. Nous répondons également à des demandes ponctuelles d’informations.

Les données issues de la procédure de délivrance des accords et enregistrées dans la base de données STATIONS) servent à alimenter les sites web en open data comme cartoradio.frdata.anfr.fr ou encore data.gouv.fr/. Beaucoup de données de l’ANFR dépendent du SIS, qui a aussi pour mission de veiller à la qualité de ces données..

Quelles sont vos autres missions ?

Au-delà de la gestion d’équipe, je participe à l’élaboration des spécifications et tests pour l’évolution des outils qui gèrent les procédures. Nous devons prendre en compte les impacts des nouvelles technologies, comme la 5G, sur la procédure COMSIS et nous adapter. Cela se fait par le biais de demandes au SSI ou par l’écriture directe de requêtes ACCESS et de traitements via QGIS ( un logiciel d’information géographique) sur des sujets à traiter rapidement, comme la perturbation potentielle des radioaltimètres par les stations 5G en bande 3500 MHz par exemple.

 Je fais également partie de l’équipe projet SURF (système unifié de référencement des fréquences), un télé-service dédié à la gestion des fréquences. Ce portail permet à ce stade de faire des demandes d’autorisation d’utilisation de fréquences du service mobile terrestre ou maritime, de modification ou d’abrogation. Il est amené à être développé pour proposer encore plus d’actions aux utilisateurs des fréquences. Dans ce cadre, je participe à des ateliers, au recettage de l’application, etc.

Quelles qualités faut-il pour exercer ce métier ?

Il faut évidemment des connaissances techniques en radiocommunication pour appréhender l’environnement de travail. Mais la réactivité et de bonnes capacités d’organisation sont également primordiales à ce poste. De par les nombreuses interactions avec les acteurs, tant internes qu’externes, il est nécessaire d’avoir un bon relationnel. Je suis amenée à être en contact avec des personnes aux profils et compétences très variés. Les attentes d’un opérateur de téléphonie mobile ne sont pas les mêmes que celles du ministère de l’Intérieur, je dois donc m’adapter.

Qu’est-ce qui vous plait le plus dans votre travail ?

Sans aucun doute le travail d’équipe. De plus, j’ai la chance d’être au sein d’un département qui fonctionne bien et dans une bonne ambiance de travail. Cela fait 20 ans que je suis dans ce service et j’apprécie toujours mon travail. Malgré l’aspect routinier des procédures, mon quotidien est varié et évolue : les changements technologiques amènent des réflexions pour optimiser nos process, nos outils, etc. Finalement, ça bouge tout le temps. Mes journées sont aussi rythmées par le contact avec les autres, que ce soit les autres directions de l’ANFR ou les affectataires, ce qui est très enrichissant.