Mobile World Congress Barcelone 219 : la 5G se révèle

29 avril 2019

Alors que la dernière réunion de la conférence préparatoire de la prochaine conférence mondiale de radiocommunications (RPC19-2) finalisait ses travaux à Genève, le congrès mondial mobile (MWC) battait son plein à Barcelone. Cet évènement, organisé par l’association des opérateurs mobiles (GSMA), rendez-vous annuel désormais incontournable, surprend d’année en année par son gigantisme, à l’image du développement de l’industrie mobile et des usages associés. La GSMA a comptabilisé près de de 110 000 visiteurs de 198 pays, dont près de 8 000 dirigeants. Il devient d’ailleurs difficile de s’orienter au milieu des nombreuses innovations présentées, le smartphone de chaque visiteur débordant de sollicitations et d’alertes. Chaque journée était rythmée par un flot d’annonces sur les réseaux sociaux dédiés et de multiples conférences. Une chaîne de télévision diffusait reportages et interviews et une revue journalière était mise à disposition des visiteurs. Les stands des équipementiers reflétaient leur ambition sur le marché, même si certains en réservaient l’accès à leurs seuls invités. 

Lors de ce salon, la 5G annoncée l’année précédente a commencé à révéler tout son potentiel tout en mettant l’accent sur les défis de son déploiement.

  • Au-delà des premiers smartphones double écran exposés « sous verre », les premiers terminaux 5G, de plusieurs marques, pouvaient être testés en configuration réelle avec des stations de base 3,5 GHz fournies par plusieurs équipementiers, démontrant ainsi son intérêt par exemple pour la transmission très haut débit (eMBB) et les jeux en ligne.
  • Les équipementiers ont bien assimilé l’intégration de la technologie MiMo (antennes actives) déclinées dans de multiples bandes de fréquences. Compte tenu de la perspective de marché ouverte dans la bande des 3,5 GHz, plusieurs équipementiers proposaient dans un seul panneau de regrouper des antennes actives 3,5 GHz et des antennes bandes basses 2G, 3G, 4G. Cette approche permettrait à l’occasion de l’arrivée de la 5G en 3,5 GHz de mettre à niveau les relais existants tout en figeant sans doute l’architecture du réseau pour plusieurs années compte tenu des investissements à consentir. Une méthode d’installation d’une antenne 3.5 GHz en moins de 2 heures par un seul technicien était aussi présentée. Les limites de la technologie des antennes actives étaient également visibles : déclinée en bande 900 MHz, une antenne active destiné au marché US pèse plus de 100 kg et fait plus de 2 m de haut. Enfin, compte tenu des contraintes de propagation dans les bandes millimétriques au-dessus de 24 GHz,  une approche a été présentée pour couvrir en plusieurs bonds les avenues entre immeubles de grande hauteur. Mais sa mise en œuvre pourrait s’avérer délicate dans le cadre européen qui interdit à ces antennes de pointer au-dessus de l’horizon.
  • Un équipementier avait, par ailleurs, simulé une usine de production et logistique dans une partie de son stand afin de mettre en évidence le potentiel pour l’industrie 4.0. Au-delà des robots, il s’agit de l’automatisation de l’ensemble d’un site industriel et de sa logistique avec un gain économique qui pourrait suffire à remettre en cause la logique de délocalisation pour cause de réduction des coûts poursuivie au cours des dernières décennies.
  • Encore peu visible au MWC, la 5G comporte une évolution du cœur de réseau ainsi que de nouvelles fonctionnalités ‘slicing’ pour répondre aux besoins et contraintes de qualité de service distinctes en fonction des exigences de services des verticaux. Sa gestion dans un environnement multi-opérateurs, multi-fournisseurs apparait comme un réel défi, compte tenu de la synchronisation nécessaire entre relais.   
  • La 5G, dont les antennes actives changent sans arrêt d’orientation,  lance également des nouveaux défis pour les mesures de champs radioélectriques. Dans ce domaine, l’innovation est également visible. Des scanners portables sont maintenant proposés, permettant de mesurer les niveaux de champ plus aisément ou en indoor.
  • Orange Labs présentait par ailleurs un modèle de propagation avancé tenant compte des nouvelles fréquences 5G.  
  • Enfin, les premiers réseaux 5G en bande 3,5 GHz exploiteront les fréquences différemment : la station de base et les terminaux émettront dans la même bande (mode TDD – voir précédente newsletter). La très longue attente pour accéder à l’exposition du Global TDD Initiative révélait un intérêt majeur des congressistes pour recueillir des enseignements sur le déploiement TDD, exploité depuis de nombreuses années en dehors d’Europe, notamment en Chine.


M. Gilles Brégant, DG de l’ANFR est intervenu dans l’une des conférences organisée par la GSM-A : « Aligning 5G technology and policy » avec des représentants de Verizon, Nokia, Etisalat et Telenor afin d’exposer le rôle de l’Agence d’une part dans la préparation des bandes de fréquences (définition des conditions techniques, réaménagements, mise à niveau du cadre national fréquences) avant l’attribution par le gouvernement et l’Arcep des droits d’utilisation pour la 5G et d’autre part dans la mesure de l’exposition du public due à la 5G, pour favoriser transparence et dialogue sur les déploiements. Il a également multiplié les échanges sur place avec des équipementiers, des opérateurs, des fournisseurs de solutions IoT, des représentants de la French Tech ou des associations, dont l’ETSI. Des bilatérales avec la GSMA ou d’autres acteurs industriels ont permis de balayer de nombreux sujets d’actualité : petites cellules, synchronisation, coordination aux frontières, CMR-19 et suites à donner aux nombreux enseignements de ce salon.                    

Prenez date pour l’année prochaine : le congrès mondial mobile aura lieu du 24-27 février 2020.