Les séries de l’ANFR Saison 2 – épisode 1 : les communications maritimes

Les séries de l’ANFR Maritime 29 juillet 2022
La saison estivale… L’occasion de prendre le soleil, profiter de la plage et pour les plus chanceux, de faire une virée en bateau. Que l’on navigue soi-même ou que l’on se fasse conduire, la sécurité à bord est primordiale. En ce mois de juillet, l’ANFR vous propose d’aborder, dans un premier article, les différents moyens permettant d’assurer la sécurité en mer grâce aux réseaux sans fil.

Dès la fin du XIXe siècle, Guglielmo Marconi, qui a réalisé la première liaison télégraphique sans fil, avait émis l’idée de maintenir un lien permanent entre la terre et les navires en mer. Marconi avait ainsi mis en place un réseau international de stations côtières et prévu des opérateurs radio à bord des navires. Dès le début du XXe siècle, il était donc possible de communiquer non seulement entre navires, mais également entre un navire et la terre. On pouvait aussi utiliser les stations de navires pour relayer un message d’un continent à un autre à travers les mers et les océans. C’est ainsi qu’en 1900, la Marconi Wireless Telegraph Company a bénéficié d’un quasi-monopole sur les radiocommunications internationales.

C’est en 1903, à l’initiative de l’empereur Guillaume II, troisième et dernier empereur allemand, qui souhaitait casser ce monopole, que la première conférence internationale préliminaire sur la radiotélégraphie sans fil fut organisée à Berlin. C’est dans ce cadre que le bureau de l’Union internationale du télégraphe, devenue par la suite l’Union internationale des télécommunications, devint administrateur de la conférence. Cet événement est à l’origine des Conférences mondiale des radiocommunications ( CMR ) qui couvrent à présent les besoins en fréquences de tous les services de radiocommunications, bien au-delà du monde maritime.

Il existe aujourd’hui de multiples systèmes de communications accessibles aux navires. Ces obligations ont été établies dans la convention sur la sauvegarde de la vie humaine en mer (convention SOLAS) adoptée en 1974 par l’organisation maritime internationale (OMI), avec la mise en place de systèmes de communications maritimes utilisant les services suivants :

Des systèmes de communications mobiles maritimes :

en ondes métriques, dans la bande 156 – 174 MHz (VHF)

Les communications VHF (very high frequency) sont utilisées pour les communications de détresse, d'urgence et de sécurité à courte distance entre navires, entre les navires et la terre (de l’ordre d’une vingtaine de milles marins soit une quarantaine de km), les communications de service, la correspondance publique et la diffusion des bulletins météos. Certains canaux de la bande VHF maritime sont réservés à l’appel sélectif numérique (ASN) dans le cadre du système mondial de détresse et de sécurité maritime (SMDSM), d'autres à l’AIS et d'autres encore au VDES (VHF data exchange system).

en ondes décamétriques, dans la bande 4-27,5 MHz (high frequency - HF), et hectométriques dans les bandes 415-535 kHz et 1 605 kHz-4 000 kHz (medium frequency - MF).

Les bandes MF/HF sont utilisées dans le service mobile maritime selon les dispositions de l’appendice 17 du Règlement des radiocommunications de l’ UIT -R. Ces canaux sont exploités en bande latérale unique. Ils sont utilisés pour la communication à longue distance entre stations côtières et navires pour des usages multiples, y compris la correspondance publique, afin de permettre aux navigateurs de joindre un correspondant à terre au téléphone par l’intermédiaire d’une station radio côtière. Plusieurs applications sont utilisables en MF/HF : radiotéléphonie, radiotélégraphie, impression directe à bande étroite, ASN, fac-similé, messagerie et données.

L’avenir des radiocommunications terrestres en MF et HF sera numérique et l’ UIT étudie la technologie DRM (digital radio mondial) qui permet d’effectuer des radiocommunications numériques en MF et HF. Les garde-côtes américains ont d’ores et déjà réalisé des essais de la DRM tout à fait prometteurs.

Des systèmes de radiocommunications utilisant des satellites :

L’organisation Inmarsat a été fondée en 1979 au sein de l’OMI, pour permettre aux navires de rester en permanence en contact téléphonique, et devint en 1999 la première organisation intergouvernementale à être privatisée.

De nos jours, des milliers de navires de la marine marchande, de la pêche, de la plaisance ou de la marine nationale font appel aux services d’Inmarsat pour leurs comptes-rendus de position ou la mise à jour des cartes météorologiques et marines. Ils permettent également aux membres de l’équipage de communiquer par téléphone ou e-mail avec leurs proches. Il existe un important réseau de stations terriennes au sol (LES) réparties sur tous les continents.

D’autres services mobiles par satellites sont maintenant utilisés à bord des navires : Iridium, Beidou Message Service System, Thuraya, Globalstar. Les navires bénéficient aussi de connectivité haut débit avec des VSAT (very small aperture terminal) fonctionnant grâce à un système inertiel pour stabiliser le positionnement de l'antenne.

Le record de débit pour une VSAT maritime a été battu à bord du navire de croisière Regal Princess, exploité par l’opérateur Carnival, avec une liaison de 1,5 gigabits par seconde, au large des Bahamas, permettant ainsi à 1 500 abonnés Netflix de recevoir simultanément des émissions de télévision ou des films.

Les services de communications mobiles à bord des navires (MCV) fonctionnent au moyen de petites stations de base embarquées (pico-cellulaires) qui connectent les téléphones, ordinateurs ou tablettes des équipages et passagers des navires, les communications étant alors transmises via une liaison satellitaire.

Enfin, les réseaux mobiles terrestres sont utilisables à bord des navires dès lors que ceux-ci entrent dans la couverture d’un relais terrestre à proximité des côtes. En fonction de l’altitude du relais, les portées en mer vont de 5 à 35 km. L'utilisation de téléphones cellulaires n'est toutefois pas recommandée comme alternative à la radiotéléphonie maritime pour les communications de détresse, d’urgence et de sécurité. En effet, les téléphones cellulaires n'ont pas, comme les stations radio, la possibilité d'établir des communications immédiates avec les navires se trouvant à proximité, tandis que les services de recherche et sauvetage sont incapables d'appeler par téléphonie mobile des navires à proximité d'un navire en détresse. Enfin, l’absence de garantie de couverture en mer peut conduire à une coupure malheureuse d’une communication mobile dans une situation de détresse. Mais l'utilisation de la téléphonie cellulaire reste possible hors situations d’urgence et offre une alternative dans les zones où les services maritimes sur ondes métriques ou hectométriques n’autorisent pas l’interconnexion au réseau téléphonique terrestre.