La protection des satellites Argos à l’ordre du jour de la CMR-19

27 avril 2018

Argos est un système de localisation et de collecte de données par satellite qui permet d’assurer un suivi de l’environnement et des espèces animales en utilisant des « balises ».  Grâce à ces balises munies de capteurs et placées notamment sur les animaux, elles transmettent une multitude de données sur leur comportement et plus généralement sur les impacts du changement climatique. Actuellement, 22 000 balises Argos envoient plus de 3 millions de messages par jour. Ces données sont transmises grâce aux fréquences, via des instruments embarqués sur des satellites en orbite basse. Argos est exploité par une filiale du CNES, CLS (Collecte Localisation Satellite, https://argos-mission.cnes.fr/fr). On confond parfois Argos et Cospas-Sarsat, système dérivé d’Argos, qui sert exclusivement à localiser et à alerter les secours en cas de détresse et dont l’organisation fait l’objet d’un traité signé par une quarantaine d’Etats.

La Conférence Mondiale des Radiocommunications de 2015 (CMR-15) avait apporté les solutions réglementaires aux brouillages fréquents du signal de détresse Cospas-Sarsat, qui provoquait de trop nombreuses fausses alertes. La CMR-19 devra cette fois-ci trouver les solutions réglementaires pour protéger la réception des satellites de collecte de données, dont Argos fait partie, dans les bandes 399,9-400,05 MHz et 401-403 MHz.

Les risques de brouillages, étudiés en préparation de la CMR-19, sont liés à la faible puissance des balises Argos, dont la taille parfois très faible (quelques grammes pour des balises portées par des oiseaux) oblige à réduire au maximum la consommation d’énergie. Si d’autres stations terriennes  émettent à forte puissance dans les mêmes bandes, elles aveuglent la réception des satellites Argos et, plus généralement, de tous les satellites de collecte de données fonctionnant sur le même principe.

Par conséquent, la position défendue par l’ANFR et le CNES dans la préparation de la CMR-19 est de limiter la puissance de l’ensemble des stations terriennes fonctionnant dans ces bandes. Des valeurs ont été proposées sur la base d’études de compatibilité.

Néanmoins, ces propositions se heurtent à l’opposition de pays ayant déjà des systèmes fonctionnant dans ces bandes avec une forte puissance des stations terriennes, par exemple le système GRUS du Japon ou le système Kurkuru des iles Solomon. Tout l’enjeu des négociations dans les prochains mois va donc être d’imposer les règles de bonne conduite sur la limitation des puissances des stations terriennes tout en tolérant, au moins à titre transitoire, quelques exceptions…