Adoption du cadre d’harmonisation européenne de la bande 6 GHz pour le WiFi

17 décembre 2020

Dans le délicat contexte sanitaire actuel, le WiFi figure parmi les technologies essentielles pour faciliter le télétravail, l’enseignement à distance, les consultations médicales... Justement, la CEPT vient d’approuver, après plus de trois ans de travaux, la désignation de 480 MHz supplémentaires pour les réseaux locaux et technologies d’accès sans-fil (WAS/RLAN) dans la bande 6 GHz (5 945-6 425 MHz). Bientôt, ce sont 3 nouveaux canaux de 160 MHz (ou 6 canaux de 80 MHz) qui viendront accroître le spectre déjà disponible sous autorisation générale en Europe pour le WiFi, déjà présent dans les bandes 2,4 GHz et 5 GHz : une ressource additionnelle, au moment même où la norme WiFi 6E se généralise.

La première étape avait été franchie en 2019 avec l’adoption du rapport CEPT 73, concluant l’évaluation technique initiale. Le second jalon  a abouti  en novembre 2020 avec l’adoption par l’ECC de deux documents :

  • la Décision ECC (20)01 : elle définit les conditions d’utilisation harmonisée de la bande 6 GHz par des systèmes WAS/RLAN en Europe, qui reste néanmoins d’application volontaire par les administrations européennes de la CEPT ;
  • le Rapport CEPT 75 : envoyé à la Commission, il recommande ces mêmes conditions techniques. Une décision d’harmonisation au niveau de l’Union Européenne et d’application obligatoire par les Etats membres devrait être rapidement adoptée.


Le cadre réglementaire adopté permet deux types de dispositifs : les LPI (Low Power Indoor) et les VLP (Very Low Power).

  • Les LPI couvrent la demande pour les points d’accès WiFi et les box des opérateurs. Ils peuvent émettre avec une puissance de 200 mW. Leur utilisation est limitée à l’intérieur des bâtiments, afin que les signaux soient atténués et ne brouillent ni les faisceaux hertziens utilisant la même bande, ni, par l’effet cumulé d’un grand nombre d’équipements, les satellites recevant dans cette bande, ni enfin les systèmes de rail urbain opérant en bande adjacente. Les installations LPI ne sont pas permises à bord des véhicules.
  • Les VLP sont des dispositifs portables (smartphones, objets connectés tels que montres, lunettes, etc.) qui peuvent émettre avec une puissance de 25 mW. Leur portabilité les destine en revanche à être utilisés aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur des bâtiments.                         


La négociation finale de ce cadre réglementaire européen à 6 GHz a soulevé plusieurs défis.

Le premier consistait à démontrer la possibilité de partage du spectre entre LPI et faisceaux hertziens (FH).  L’ANFR avait préconisé d’utiliser une base de données pour réduire les risques. Cette approche visait à assurer la coordination géographique automatique des points d’accès Wi-Fi avec les FH. Cependant, ce mécanisme a finalement été écarté au vu du caractère très limité du risque de brouillage. En effet, cette bande dispose d’une bonne harmonisation européenne et les opérateurs ont privilégié une disponibilité rapide de la bande.

Le deuxième défi était de protéger le système de signalisation CBTC. Ce système pour les transports ferroviaires urbains exploite la bande adjacente. L’Allemagne et la France, en dépit des réserves du Royaume-Uni, ont soutenu une proposition de plan de canalisation pour le Wi-Fi commençant à 5 945 MHz au lieu de 5 925 MHz initialement demandé.  Ces 10 MHz de bande de garde maintient la possibilité de disposer de trois canaux Wi-Fi de 160 MHz dans la bande 5 945-6 425 MHz. Cependant elle ne suffit pas à assurer la protection du rail urbain. Une limite a donc été appliquée aux émissions Wi-Fi hors bande en-dessous de 5 935 MHz.


Contours indiquant le dépassement du critère de protection du CBTC en fonction de la position de l'utilisateur du Wi-Fi

La réglementation européenne pour les systèmes Wi-Fi à 6 GHz impose ainsi, pour la protection du rail urbain (CBTC), des niveaux d’émission hors-bande suffisamment bas, soit -22 dBm/MHz pour les LPI et  -45 dBm/MHz pour les VLP. Les VLP restent néanmoins à l’étude : cette valeur fera l’objet d’une révision à partir d’expérimentations de terrain. Si les expérimentations ne donnent pas de résultats, la limite sera relevée à -37 dBm/MHz à partir du 01/01/2025.

L’adoption par la CEPT du cadre réglementaire pour les équipements Wi-Fi à 6 GHz confirme la position de l’Europe comme un acteur clef pour le développement de réseaux locaux sans fil, favorables à l’innovation et à l’investissement.