Saga CMR-23 : Point 9.1d - Les niveaux d’émissions non désirés et usagers du Service Fixe par Satellite

CMR 29 mars 2023
Ce point fait suite à une demande des agences spatiales de définir les niveaux d’émissions non désirés dans la bande 36-37 GHz dus aux usagers du Service Fixe par Satellite (SFS) des bandes au-dessus de 37,5 GHz. Il prolonge le point 1.6 de la CMR-19 qui a permis de définir dans les bandes Q/V (38/50 GHz) des règles d’utilisation et de protection de l’arc géostationnaire par les constellations. La CMR-19 n’a néanmoins pas pu conclure sur les valeurs à respecter par les satellites NGSO pour protéger les observations du service d’exploration de la Terre (SETS) passif.

Statut de la bande 36-37 GHz

Le SETS passif a été introduit notamment dans la bande 36-37 GHz durant la CMR de 1979. Toutefois, à l’inverse de bandes purement passives où les émissions sont interdites (RR 5.340), le SETS doit partager cette bande avec des attributions fixe et mobile. Afin de protéger le SETS, la Résolution 752 impose une limite de puissance de -10 dBW aux stations des services actifs concernés.  

Néanmoins, les bandes Q/V constituent une nouvelle ressource pour les constellations, compte tenu de la saturation constatée dans les bandes Ku et Ka : tous les grands projets de constellations souhaitent pouvoir utiliser ces bandes dans le futur, notamment pour les liaisons avec les passerelles.

Les besoins du SETS

Dans cette bande de fréquence, la bande passive est utilisée pour évaluer la quantité d’eau liquide dans les nuages. Cette bande est complémentaire de la bande 23,6-24 GHz puisqu’elle permet de déterminer avec exactitude la composition des nuages et notamment l’état de l’eau qui les compose. La quasi-totalité des satellites météorologiques du monde embarque un radiomètre dans cette bande, ce qui représente environ une quarantaine de satellites, aussi bien d’origine japonaise, européenne, chinoise, russe, indienne ou américaine.  

Il est important de noter que les capteurs passifs du SETS mesurent la température de brillance au-dessus de la surface du globe mais calibrent l’instrument, en rotation constante, lorsqu’il est orienté vers l’espace (« calibration froide ». Les émissions provenant d’autres satellites peuvent donc interférer lors de cette calibration lorsqu’ils se situent à des altitudes plus élevées.

Les travaux du groupe d’étude GT7C

De nombreuses études ont été entreprises par l’ESA et la NASA pour déterminer l’impact des constellations utilisant ces bandes.  Les orbites des satellites scientifiques du SETS sont comprises entre 400 km et environ 800 km.  Les constellations du SFS, parfois constituées de milliers de satellite, peuvent fonctionner au-dessus ou en dessous des satellites du SETS : c’est le cas respectivement d’O3B, en orbite équatoriale à environ 8 000 km de la Terre, ou de Space X, en orbite inclinée, à une altitude proche de 600 km.

Du fait de la mesure des capteurs passifs vers la Terre et de leur calibration vers l’espace, les études ont été entreprises en examinant aussi bien l’impact des lobes arrières du SFS dans la mesure du SETS (lorsque le SFS est sous le SETS) que celui du lobe principal du SFS sur la calibration du SETS (dans ce cas, le SFS est au-dessus du SETS). 

Les premières études n’ont pas conclu à l’utilité de mesures particulières, notamment parce que les simulations prévoyaient des pertes d’environ 30 dB sur les lobes arrières des antennes des satellites du SFS. Mais l’impact des lobes principaux ou secondaires du SFS sur la calibration froide a été établi : une réduction des émissions non désirées du SFS de l’ordre d’environ 20 dB s’est révélée nécessaire, soit environ -30 dBW/100 MHz. Les études ont aussi démontré que les constellations en orbite moyenne ne devraient pas impacter cette calibration. 

Il reste désormais à identifier la solution règlementaire pour introduire cette limite dans le RR. La proposition européenne oriente vers un renvoi de l’article 5 du RR.