Les enquêtes de l’ANFR : panique à bord, brouillage sur le port de La Rochelle
Fin septembre, la capitainerie du port de plaisance de La Rochelle signalait un brouillage à l’ANFR. Il affectait le canal 9, fréquence 156,45 MHz de la VHF marine, dédié aux communications entre le port et les navires. Un brouillage problématique, car la capitainerie est en quelque sorte le chef d’orchestre du port et assure la fluidité du trafic maritime et l'accueil des navires… Comment jouer juste lorsque le chef disparaît par moments de la vue de l’orchestre ?
Les agents ANFR habilités et assermentés du service régional de Donges se sont donc rendus sur place, munis de leurs équipements de réception et d’analyse du spectre, pour rechercher la source de ce brouillage. Mais, à leur arrivée, la perturbation avait disparu ! L’enquête semblait décidément bien compromise... Avant de quitter les lieux, ils ont tout de même procédé à quelques contrôles, pour mieux appréhender l’environnement électromagnétique du port. Curieusement, un signal instable s’affichait sur leurs écrans, mais sur le canal 5 (156,25 MHz), qui lui, est dédié aux autorités portuaires. Cette instabilité n’était pas mineure : de temps à autre, ce signal dérivait bel et bien… jusqu’à atteindre le canal 9 ! Mais, en l’occurrence, pas assez pour reproduire le brouillage qui avait provoqué cette mission à La Rochelle. Fausse piste ?...
Les brouillages sont hélas nombreux sur le territoire, et nos agents ne pouvaient prolonger leur enquête plus longtemps : l’équipe de l’ANFR se résolut donc à reprendre la route pour s’atteler à un autre brouillage préjudiciable situé dans la région. Mais quelques heures plus tard, le signal perturbateur faisait un retour remarqué – et cette fois en plein dans le canal 9. Demi-tour ! Il ne fallait pas perdre une minute pour prendre le brouilleur sur le fait. Sur place, il ne restait donc plus qu’à quadriller le port, pour terminer la mission.
Pourtant, si le véhicule laboratoire de l’ANFR est équipé d’un goniomètre très performant, il a un seul (petit) défaut : il n’est pas amphibie… Or il faut savoir que La Rochelle abrite le plus grand port de plaisance de France et l’un des plus grands du monde… Il s’agissait donc maintenant de trouver l’embarcation en défaut parmi une forêt de mâts de plus de 5 000 navires – à partir de la terre ferme !
Puisqu’il était impossible de s’aventurer au volant d’un camion sur les multiples pontons qui structurent le port, restaient les quais carrossables. Quelques passages, des relevés d’angles, un peu de géométrie, voilà deux pontons décidément bien suspects, les n° 11 et n° 12... Il fallait en avoir le cœur net. Et, après tout, la recherche de brouillage, c’est un sport complet : la tête et les jambes ! C’est donc à pied, muni d’un récepteur portable, que s’est terminée la chasse au brouilleur. Bientôt, plus aucun doute n’était en effet possible : le signal provenait d’un navire où le propriétaire vivait à l’année. Dans ce voilier, un simple émetteur VHF défaillant jouait ainsi de temps en temps des tours pendables à la capitainerie du port. Quelques travaux furent nécessaires pour régler l’émetteur VHF. Et, depuis, la capitainerie orchestre de nouveau en toute sécurité les allées et venues dans le port de plaisance de La Rochelle…
En savoir plus sur la VHF marine
La bande VHF est partagée entre de nombreuses utilisations, aéronautique, maritime, privées, militaires et les radios FM. 59 canaux sont disponibles dans la bande VHF du service mobile maritime (156-162 MHz) : cette liste est disponible dans l’annexe 2 du manuel de préparation au CRR.
Ce service mobile maritime en VHF est partagé par trois systèmes différents :
- La téléphonie vocale analogique, la forme de communication la plus importante dans le service mobile maritime.
- L’ASN (appel sélectif numérique) utilisé pour les alertes de détresse, les annonces d'urgence et de sécurité et les appels de routine.
- L’AIS (Automatic Idntification System), un système d’anti-collision pour améliorer la sécurité de la navigation.
Ces systèmes de communication utilisant la bande VHF du service mobile maritime permettent un échange efficace de données de navigation entre navires et entre navires et stations côtières, améliorant ainsi la sécurité des navigateurs.
Les VHF marines, qu’elles soient fixes ou portables, doivent être déclarées auprès de l’ANFR qui délivre gratuitement une licence d’exploitation ainsi que les identifiants du service mobile maritime (Indicatif d’appel et MMSI). Ce document doit obligatoirement se trouver à bord. <link licences-et-autorisations radiomaritime nos-missions>En savoir plus