Le futur système de radiocommunication ferroviaire

31 mars 2020

Le GSM-R, l’actuel système de radiocommunication ferroviaire, arrive en fin de cycle. La maintenance des réseaux sera encore assurée jusqu’en 2030 voire un peu au-delà, mais il faut dès à présent penser à son successeur et au cadre réglementaire radioélectrique qui lui sera nécessaire. Pour le secteur ferroviaire, les enjeux sont européens.  La Commission européenne a donné un mandat à la <link international negociations principales-instances cept>Conférence européenne des administrations des postes et télécommunications (CEPT) pour harmoniser des bandes de fréquences pour le futur système de radiocommunication ferroviaire.

Le GSM-R était une variante ferroviaire du GSM. Il s’inscrit dans un cadre plus vaste appelé ERTMS (acronyme anglais du « système européen de gestion du trafic ferroviaire »). L’ERTMS a pour objet de mettre en place les communications et la signalisation ferroviaire permettant aux trains de circuler sans contrainte d’un pays à l’autre : il organise l’interopérabilité des réseaux ferroviaires. La signalisation ferroviaire fournit les ordres de circulation au train : limitation de vitesse à respecter, arrêt non prévu, information sur l’itinéraire pris par le train, etc. Aujourd’hui encore, il existe plus de systèmes de signalisation que de pays ! Ainsi, en France, au moins deux systèmes coexistent.

Le GSM-R assure deux fonctions :

  • permettre des appels téléphoniques, dont les appels d’urgence ;
  • transmettre la signalisation ferroviaire jusqu’à la cabine de conduite de la locomotive, ce qui est indispensable dans le cas d’un TGV, qui roule trop vite pour que les signaux le long des voies puissent être lus par le conducteur.


Le GSM-R a connu un grand succès et presque tous les pays européens l’utilisent. Le mandat pour le futur système de radiocommunication ferroviaire comporte deux phases :

  • La première sur l’étude de la quantité de spectre nécessaire, de la faisabilité technique des bandes de fréquences envisagées et des possibilités d’utiliser les réseaux des opérateurs mobiles ;
  • La seconde pour définir les conditions techniques d’utilisation des bandes de fréquences harmonisées.


Chaque phase fait l’objet d’un rapport.

Le 6 mars 2020, la CEPT a approuvé le premier rapport pour envoi en consultation publique (rapport CEPT 74). Il s’agit d’une étape importante car elle donne d’ores et déjà des orientations claires sur ce que sera le successeur du GSM-R :

1/ Les bandes de fréquences ciblées pour l’harmonisation sont :

  • 874,4-880 MHz / 919,4-925 MHz : cette bande  correspond aux fréquences actuelles du GSM-R étendues des 2x1,6 MHz réservés pour le ferroviaire par la Commission européenne et selon le souhait de la France. Elle permettra une minimisation des investissements et la réutilisation des sites radioélectriques existants.
  • 1 900-1 910 MHz : cette seconde bande est rendue nécessaire par l’intensification des liaisons ferroviaires, en particulier dans les grandes agglomérations urbaines et dans les zones frontalières, et par le développement de nouvelles applications critiques (automatisation des trains, gestion des zones de triage, capteurs, etc.). Elle permettra également un approvisionnement plus simple des terminaux puisqu’elle fait partie de l’écosystème 3GPP.


2/ Si, techniquement, l’utilisation des réseaux 4G ou 5G des opérateurs mobiles reste possible, des questions essentielles se posent en termes d’obligations et de responsabilité légale pour les opérateurs, ainsi que d’évaluation des risques. Jusqu’à ce jour, les opérateurs mobiles européens n’ont pas manifesté d’intérêt pour ce scenario.

Ce premier rapport a été l’occasion de découvrir une proposition innovante de certains équipementiers pour permettre la transition entre les deux technologies, les lignes devant pouvoir accueillir pendant plusieurs années des trains n’embarquant pas encore la nouvelle technologie.  Elle consiste à superposer des porteuses GSM-R et 5G.  Les études techniques ont aussi fait appel pour la première fois à l’utilisation de données réelles de déploiement ferroviaire en Europe. Parions que cette démarche sera réutilisée pour d’autres dossiers.

L’ANFR s’est fortement impliquée sur ce dossier et a contribué à en faire un succès. Elle a pris la présidence du groupe de travail relatif à la réglementation (FM56) et s’est largement investie dans la rédaction des 3 rapports techniques publiés par la CEPT à ce jour.

Le nouveau cadre réglementaire CEPT pour la radio mobile ferroviaire (RMR) englobant le GSM-R et son successeur devrait être prêt pour la fin de l’année 2020, charge ensuite à la Commission européenne de le retranscrire au niveau communautaire début 2021. Alors, la réglementation ferroviaire européenne pourra être mise à jour et inclure les résultats de ces travaux.