Fréquences pour la 5G : de nouvelles avancées en Europe

30 novembre 2017

C’est un enjeu industriel majeur : la future génération de la technologie mobile, la 5G, aura besoin de beaucoup de spectre et il faudra que ce spectre soit harmonisé en Europe et, dans la mesure du possible, au niveau mondial.

Un premier avis du RSPG (groupe consultatif auprès de la Commission européenne rassemblant les représentants des Etats membres de l’UE) sur la 5G avait, en novembre 2016, identifié les bandes européennes pour la 5G : la bande 3,4-3,8 GHz comme « première » bande pour la 5G, la bande 26 GHz comme « bande pionnière » pour la 5G. Par ailleurs, les bandes basses déjà autorisées pour les opérateurs mobiles, comme la bande 700 MHz, devant permettre une bonne couverture pour les services 5G.

La bande 3,4-3,8 GHz et la bande 26 GHz ont fait l’objet d’un mandat d’harmonisation de la Commission à la CEPT qui devrait aboutir au milieu de l’année 2018 à une harmonisation européenne de ces bandes. L’Union européenne pourrait aussi décider, en 2019, de fixer des dates butoirs pour les procédures d’autorisation de ces bandes dans l’ensemble des pays de l’UE.

Le RSPG vient de lancer une consultation publique sur la 5G qui apporte un nouvel éclairage : il souligne ainsi que la bande 26 GHz devrait prioritairement être attribuée via des autorisations individuelles, tandis que la 5G pourra se déployer sous autorisation générale dans les bandes 60 GHz, plus adaptées à des usages de faible puissance. Il détaille les conséquences du partage dans la bande 26 GHz entre 5G et les stations terriennes qui devront pouvoir utiliser la bande, notamment pour la collecte des données des satellites d’observation de la Terre. Le projet d’avis souligne aussi qu’il reste de nombreuses questions ouvertes, notamment sur la manière d’exploiter la 5G pour répondre aux besoins de certains secteurs (transports, industrie, santé ou sécurité).

Cette consultation publique sollicite également les avis sur la suppression de la bande 32 GHz de la liste des bandes prioritaires. En effet, les travaux à l’UIT-R et à la CEPT montrent que, dans cette bande, des usages se développent pour de nouveaux systèmes embarqués de radionavigation, par exemple pour permettre l’atterrissage sans visibilité sur des pistes qui ne sont pas pourvues des équipements ILS/VOR, réservés aux grands aéroports compte tenu de leur coût. En France, l’Aviation civile, mais aussi des industriels comme Dassault, sont particulièrement intéressés par ces projets. Les études techniques américaine, française, russe et chinoise concluent dans le même sens et la CEPT vient de retirer cette bande de la liste des bandes prioritaires pour les études pour la 5G.

La question des bandes au-dessus de 24 GHz, qui offrent les largeurs de bande permettant les débits de plusieurs Gbit/s, fait l’objet de nombreuses discussions au niveau international pour préparer les décisions de la CMR-19. Fin septembre, une réunion de l’UIT-R dédiée à la préparation de ce point a rassemblé plus de 250 délégués à Abu Dhabi (EAU). Le choix de l’Europe en faveur de la bande 26 GHz est très largement partagé (pays arabes, Afrique sub-saharienne, Chine, Brésil, etc.) et les études convergent pour démontrer la faisabilité et l’intérêt de l’utilisation de cette bande pour la 5G. Néanmoins, un sujet sensible demeure : la protection des satellites d’observation de la Terre dans la bande adjacente, dont la sensibilité aux brouillages va exiger un filtrage important des équipements 5G.

Au-delà de l’identification de la bande 26 GHz pour la 5G à la CMR-19, d’autres bandes de fréquences sont en discussion. Par exemple, l’Europe souhaite identifier la bande de fréquences 40,5-43,5 GHz pour la 5G. Cette bande a été désignée il y a de nombreuses années par la CEPT pour des applications délivrant des programmes multimédias qui n’ont jamais vu le jour. Elle présente donc l’avantage d’être bien harmonisée quoique peu utilisée en Europe. Or, cette gamme de fréquences recueille l’intérêt de plusieurs autres pays, dont les Etats-Unis et la Chine, même si la bande n’est pas exactement la même. L’industrie souhaite donc développer les solutions techniques permettant de s’adapter à ces variations nationales à partir des mêmes composants 5G. Un autre exemple de consensus apparait dans la préparation de la CMR-19 en faveur de la bande 66-71 GHz qui, en prolongeant une bande déjà utilisée en Europe pour des applications de type WiFi (technologie « WiGig ») permettrait l’utilisation de 14 GHz de spectre (57-71 GHz) pour des applications sous autorisation générale, quelle que soit la technologie utilisée.